Ardéchoise Vélo Marathon 2023 : tous les feux étaient au vert!
Rassuré par mes dernières sorties, j’abordais ce défi (275 km et 5200m de D+) avec confiance. Arrivé à St Félicien, la veille de la course, le vendredi vers 16h30, je retrouvais Laurence et Philippe, mon binôme, avec leurs camping-cars respectifs sur un emplacement de rêve à 50 m de la ligne de départ à la sortie du village.
Merci Lolo pour cette trouvaille !
Plus besoin de se garer et de dormir à 2 km du village, plus besoin de monter en vélo le jour du départ avec un sac pour les affaires de rechange, plus besoin de faire la queue à la consigne avant de pouvoir entrer dans le SAS… là pour le coup, on ne peut pas trouver plus simple, on se prépare et quand on est prêt on entre dans le SAS .
17h30, on a récupéré nos dossards, l’occasion de boire une bière avec Marc L. et Richard K. qui eux dormiront avec le gros de la troupe dans un gîte à St Bonnet le Froid.Apéro avec Laurence, repas avec les traditionnelles pâtes “bolo” de Philippe et au dessert une tarte aux pommes de ma douce et tendre. On digère devant Gibraltar – France où, j’avoue je m’endors un peu puis au lit. Difficile de s’endormir « bercé » par la musique qui émane du village mais c’est habituel, sur l’Ardéchoise le vendredi soir c’est la fête,en tous cas pour certains !
5h30 debout, petit-dèj,toilette…
6h45 entrée dans le SAS comme prévu et en première ligne. Nous assistons alors au défilé des officiels: Bernard Vallet, Bernard Hinault, miss Ardèche… Puis on nous annonce que le départ est retardé de 10 minutes car du gasoil a été déversé dans la descente des Nonières, une année c’était des clous ,une autre des graviers… ça change mais dans tous les cas ça peut faire mal !
Finalement, le retard sera de 26 minutes et cela ne me rassure pas car forcément nous arriverons plus tard que prévu.
Deuxième inconvénient, pas de départ anticipé pour l’AVM, nous partons en premier mais avec tout de suite la meute derrière au lieu d’avoir un petit 1/4 h d’avance, du coup, dans la montée du col du Buisson, il fallait bien rester à droite !
Troisième inconvénient, nous le découvrirons bien plus tard,les barrières horaires étant inchangées, les délais pour les participants de l’AVM qui auraient dû partir à 7h sont réduits de 26 minutes. Bref, tous les feux étaient au vert mais là, ça commence à clignoter un peu !
Nous voilà donc partis. On se cale avec un groupe cool qui porte le maillot de la Cyclo Bisou jusqu’à la montée du col de Mézilhac où dans un des virages Bernard Vallet fait mine de nous tendre un verre de vin pour nous ravitailler à l’ancienne sauf qu’au lieu de nous le passer il s’empresse de le boire le bougre ! Au sommet de Mézilhac, la moyenne est bonne environ 27 km/h et les jambes aussi. Descente sur Antraigues, le village de Jean Ferrat,arrêt bidon à Aizac, col de Moucheyres, Burzet puis vient le redouté col de la Baricaude mais tout va bien ,pas de défaillance comme l’an dernier mais dans les 3 derniers kilomètres avant le Mt Gerbier, je commence à avoir du mal à suivre Philippe et un trio du club de St Rémy ( Pascal Guitton, Jean-Noël Honorat et Alexandre Crestey) qui nous ont repris un peu avant vers Sagnes et Coudoulet. Nous sommes obligés de les laisser filer et au final,ils mettront 1h de moins que nous pour boucler cette AVM.
Nous voici à la bifurcation du Mt Gerbier, un duo nous reprend avec un coureur étonnant , un jeune homme très corpulent qui doit peser au moins 100 kg et doté d’une force et d’une volonté incroyable. Impossible de le tenir et ce même dans les forts pourcentages. Nous le doublons plusieurs fois mais uniquement quand il sera obligé de s’arrêter,pour réparer une crevaison, pour soulager un feu aux pieds ou pour se ravitailler et à chaque fois, il reviendra sur nous et il nous doublera sans que l’on puisse le suivre sauf dans le final, où là, nous terminerons avec lui. Vraiment surprenant le bonhomme, je donnerai cher pour connaître son passé sportif et le nombre de Watts qu’il doit développer dans les cols ! Moi qui me plains avec mes 80 kg !
Nous voici donc aux Estables et pour moi, les feux passent à l’orange, au sommet du col de la croix de Boutières, j’accuse le coup et un arrêt s’impose, c’est dur mais j’arrive encore à manger. 140 km et plus de 3000m de D+, il en reste mais on a fait un gros morceau, les montées et les descentes s’enchaînent, par bonheur, la météo est au top, il fait chaud mais un petit vent nous rafraîchit et les paysages sont sublimes, une nature sauvage aux couleurs de l’Ardéchoise, verte comme l’herbe, jaune comme les genêts et violette comme ces fleurs dont excusez-moi, je ne connais pas le nom.
St Clément est passé et on en a terminé avec le plateau vallonné, on descend sur une petite route technique vers la Chapelle- sous- Chanéac pour se mesurer au col de l’Ardéchoise que j’aborde avec crainte. Le début me rassure mais après Chanéac, la route se raidit et moi, je ramollis, il fait chaud, 35°C au compteur, j’ai la bouche pâteuse, plus rien ne passe à part de l’eau et je manque vraiment de force. Philippe m’attend au sommet et là encore, je fais une petite pause puis j’entame la descente en me disant que le plus dur est fait mais mon inquiétude grandit, sans manger, je sais que j’aurais du mal à finir, je ne pense pas à abandonner mais l’idée m’effleure, le feu a failli passer au rouge !
On arrive à Borée, il n’y a plus rien au ravito, seulement de l’eau pétillante bien fraîche, c’est déjà ça. On poursuit la descente, j’ai limite froid, je frissonne mais les km défilent, on passe St Martial, le désert, Arcens, le désert et on arrive à St Martin de Valamas, où là, surprise, nous sommes attendus à la sortie du village, on nous force à nous arrêter, nous et 3 ou 4 autres coureurs. Une femme médecin, nous signifie que nous sommes hors délai et mis hors course. On a beau lui expliquer que cela n’est pas juste puisque nous avons été retardés au départ, elle ne veut rien entendre et nous répond que nous aurions dû simplement pédaler plus vite. Il était 16h44 et il aurait fallu passer avant 16h30, 15 minutes de retard quand on pédale depuis 9h c’est rageant et humiliant. Les feux passent au rouge… de colère ! Philippe énervé, écoeuré tente de forcer le passage mais des motards de la sécurité course lui arrachent sa plaque de cadre avec sa puce, j’arrive à me faufiler puis je mets la plaque de cadre dans ma poche comme si on me l’avait enlevé pour éviter de me faire à nouveau arrêter (ce subterfuge me permettra d’être classé malgré tout et d’avoir nos temps de passage).
Nous poursuivons donc mais le moral en a pris un coup. Début du col de Clavière, le début plutôt en faux plat montant me convient et me laisse espérer que ça va mieux mais je craque encore dans le final. On décide de passer le ravito de St Agrève et de s’arrêter à Rochepaule. De toute façon, à part boire de l’eau je ne peux toujours rien avaler, mes poches sont encore pleines mais rien ne me fait envie. Petite pause à Rochepaule où les bénévoles démontent le stand du ravito mais on a le temps de manger quelques portions d’orange et une banane puis direction le dernier col, le col de Lalouvesc. Les oranges et la banane font leur petit effet et cette dernière difficulté ne se passe pas trop mal, le final étant très roulant, Philippe ne m’attendra pas longtemps au sommet… Voilà, on bascule et on file vers St Félicien. On la tient notre AVM. Les feux repassent au vert!
Dernier kilomètre, j’appelle Laurence qui se demandait depuis 2h où on était et je lui demande d’immortaliser notre passage sur la ligne à 20h18.Résultat: 12h51 de vélo, optimiste je prévoyais entre 11h et 12h , Philippe plus prudent et plus expérimenté pronostiquait entre 12h et 13h, il avait tout bon.
Saint Félicien s’est bien vidé, il ne reste plus que les bénévoles qui se retrouvent au gymnase pour un repas bien mérité , ils sont 8000 pour nous sur le terrain ,un grand merci à eux.
On se pose un peu, on boit une bière pour la forme mais elle a du mal à passer. Douche, pâtes carbo dans le camping-car, à cette heure, il y a longtemps qu’ils ne servent plus de repas au village !
22h30 au lit…
5h30 après avoir dormi d’une traite d’un bon sommeil réparateur, debout, rangement, petit-déj et on se dit au revoir et retour tranquille à la maison en attendant de nouvelles aventures.
Un grand merci à Philippe mon binôme pour son accueil et pour m’avoir beaucoup attendu en haut des cols et à Laurence pour nous avoir déniché ce spot d’enfer et pour nous avoir attendu à l’arrivée et félicitations pour sa perf sur la Volcanique 7h20 et un podium ,3è des F3, bravo championne et en plus comme elle dit « même pas mal ! »
Bises à tous
Patchet